DÉMARCHE

À travers mon écriture picturale se tisse un fil conducteur, celui de mes pensées. Le courant du ressenti l’alimente. Ce fil se forme et se déforme alors selon des impulsions, des chocs mémoriels. Il est un indicateur, un baromètre cérébral. Du cœur aussi.

Oscillant, il vous dit sur l’écran (la toile) ce qui se passe. Il est une jonction (telle une agrafe) entre mon face à l’humain, mon face à la vie et, tout ce qui m’entoure, le monde extérieur, mais dans lequel je suis néanmoins inclus. Il s’inscrit dans mon témoignage du monde, c’est-à-dire, ma peinture. Il est ce que je peins. Il est écriture, couleur, forme, matière. Fil de suture, connexion et liaison amalgamée entre mon intériorité et le monde qui nous entoure. Monde raccommodé, rafistolé où on nous colle, où on nous greffe, un tiède bonheur pour masquer, pour nous faire oublier, ce qu’il a de (trop) gris, de(trop) noir, de (trop) blanc.
D’où le thème central de mon travail : «La suture du monde».

Le fil comme représentation des plaies mal refermées d’un monde «nôtre» devenu «autre» pour finir mien. Ces mondes sont tenus et soutenus par leurs coutures, leurs entrebâillements, leurs fermetures mutuelles.
Dans ce monde suturé, recousu, s’entrecroisent des réflexions (sur la condition humaine, la vie, l’équation amoureuse entre autre thèmes) et des éléments picturaux (la croix, les pointillés par exemple) issus de, symbolisant et venant soutenir le thème de la «suture du monde».

En somme, chaque peinture est une trace, celle d’un passage, où la vie s’est laissée.
Marque temporelle, elle contient le ressenti, la charge émotionnelle et/ou cérébrale de ce qu’il reste.

ARTIST STATEMENT

Through my pictorial writing I weave the thread of my thoughts, like a conducting wire of my currents, my emotions, my feelings. This thread is formed and distorted along with the impulses and shocks of my nerve endings, my sensory endings. It is an indicator, a cerebral barometer of the heart.

Oscillating, it tells on the screen (the canvas) what is really happening. From there the thread becomes a junction (like a staple) between my relationship to mankind, my relationship to life AND everything that surrounds me, that external reality, wich I am a part of. It is precisely what I paint. It is scripture, color, shape, matter, stitching thread, connections and meddled liaisons between my inner and our outer world.
Mended and patched up world, where we are stuck and grafted some lukewarm happiness so as to conceal, and make us forget what it has that is (too) bleak and grey, (too) dark and black, (too) white.
Hence the theme which is at the core of my work : « The stitch of the world ».

The thread acts as a representation of the badly healed wounds of a world which once was « ours » before it became « someone else’s » and then « mine ».
These wounds are helped and supported by their seam, their gap, closure. In this stitched-up world, I sew back my interwoven reflections (on the human condition, life, the love equation, the dog man, the falling man) and pictorial elements (a cross, dotted lines for example) originating from and symbolizing « The stitched of the world».

Each painting is a mark, that of a passage, where life decided to drop a bit of itself. This temporal mark holds in its core the feeling, the emotional and/or cerebral charge left behind.